vendredi 4 novembre 2011

Interview Jean-Marc Bordus

Bonjour Jean-Marc, aujourd’hui tu es en préparation pour le Marathon d’Orléans, plutôt habitué à du long voir du très long, comment et pourquoi prépares-tu cette compétition ? Et quel temps aimerais-tu faire ? 

Comment ? 
Une préparation à base d’un zeste de VMA : 200 à 400 m, une bonne dose de seuil : répétitions de 2000 avec 2’ de récup et de 3000 avec 3’ de récup, de séances à allure spécifique de 30’ (au début) à 1h (2 semaines avant le marathon), le tout complété par de l’endurance entre 45’ et 1h30.

Pourquoi ?
Après mon échec à Villenave d’Ornon, la problématique était simple, j’avais besoin de repos mais également de me recentrer sur une préparation sportive pour retrouver l’envie. J’ai reçu l’aide de Jean Joyeux Nutritionniste chez Ergysport pour un rééquilibrage alimentaire afin d’accélérer la récupération et pouvoir rester au top tout au long de ma prépa. Après 2 semaines de repos, j’ai commencé un programme en vue du marathon d’Orléans. La préparation marathon par rapport à un 24 heures est moins contraignante en temps et de ce fait ça génère moins de fatigue mentale et physique.

Objectif temps ?
Il y a 20 ans, j’avais réalisé 2h42’22 à Orléans. Ce serait symbolique et pas utopique de faire mieux.

Pour cette préparation tu as fait un bon chrono sur le Semi d’Orléans (1h15’46), comment travailles-tu cette vitesse ?

J’ai recommencé à travailler sur 400m pour passer ensuite sur 1000m avec une vitesse légèrement inférieure avant de conserver cette allure en basculant sur 2000m puis 3000m. Mais j’ai dû tenir compte du temps imparti avant le marathon, je sais que pour gagner un peu plus de vitesse j’aurai dû rester sur un cycle plus long comprenant des séances de 200 à 400m. Ce sera pour cet hiver.

Tu es champion de France de 24h à Séné (259,496km) et un record perso à 260,147km.  Expérimenté dans ce domaine et pourtant le 10 septembre aux 24h de Villenave d’Ormon tu as eu une défaillance, comment l’expliques tu ?

Après analyse de ma course, je me suis rendu compte que la défaillance était prévisible :
A=>  La préparation 
 Des signes de fatigue évidents :
1)     J’avais repoussé ma préparation de 15 jours, je n’étais pas capable physiquement d’encaisser la charge de travail prévu.
2)     Sur la première sortie longue entre Mimizan et Vieux Boucau (belle balade Landaise de 70km) fin juillet, j’ai complètement coincé sur les 10 derniers kilomètres.
3)     Sur ma dernière sortie longue de 6heures 3 semaines avant les 24h je connais la même mésaventure et sur la sortie suivante de 4h je dois me contenter d’une allure inférieure à celle prévue.
Erreur stratégique
4)     Sur ces sorties spécifiques je ne faisais pas de pause « marcher » comme je devais le faire le jour de la compétition.
B=> Pendant la course
5)     Je reproduis ce que j’ai fait à l’entraînement, j’oublie  de marcher 1’ toutes les heures pendant les 6 premières heures.
6)     Malgré cette absence de pause je ne prends pas d’avance sur mon tableau de marche, donc je suis plus lent.
7)     Il fait plus de 30° sur la piste et je n’en tiens pas compte.

Alors forcément ce qui devait arriver est arrivé, après la 14ème heure je commence à rencontrer des difficultés à poursuivre la course, je marche de plus en plus et de plus en plus longtemps et malgré un sursaut à la 18ème heure ça ne va cesser d’empirer jusqu’à voir Daniel CARDOSO prendre la tête de la course sans que je puisse résister.

Mais l’échec est formateur, je ne referai pas deux fois les mêmes erreurs.

Combien de kilomètres parcours-tu dans la semaine ?

En ce moment ça va, pour cette préparation marathon je suis à 110/130 km par semaine ça me change de mes 250 km en préparation 24h.

On t’as vu récemment sur TFI dans un reportage sur l’addiction sportive, pourquoi t’ont t’ils choisi ?

Ils avaient lu un article de Christophe Rochotte paru sur le magVO2 et su que j’étais passé du 100km aux 24h de 150km hebdo à 250km alors pour TF1 seule la dépendance pouvait me conduire à ce qui ressemblait au « toujours plus ».

Quel est ton avis sur ce sujet ?

Un comportement de dépendance vis-à-vis de la course à pied  porte le sujet à construire son existence autour du besoin de courir sans pouvoir le contrôler.
  
Pour ce qui me concerne, la course à pied à une place importante dans ma vie mais pas au point de me faire oublier que ce n’est pas mon métier.
Je suis dans ma pratique sportive comme dans ma vie professionnelle, j’ai besoin de challenges, d’objectifs, de tout mettre en œuvre pour être performant. Je ne vois pas là une dépendance, au contraire,  c’est une volonté permanente de vouloir  maîtriser le sujet, d’oublier le plaisir facile au profit de plus de rigueur et de persévérance. En ce moment, je sais que pour obtenir la performance à atteindre sur marathon, je dois changer ma façon de courir et ça passe par « moins courir » donc je cours différemment mais moins.

 Alors, svp,  ne me parlez pas d’addiction c’est bien trop réducteur.

Tes chaussures, laquelle en compétitions et laquelle à l’entraînement ?

En compétition je chausse les GHOST, sur 24h et 100km et les RACER sur semi et marathon.
A  l’entraînement GREEN SILENCE où GHOST  pour les séances VMA, seuil, allure marathon, et GLYCERINE pour  les séances en endurance. 
                                                                                    
Après le Marathon (13/11) que comptes-tu faire, récup, nouveau cycle ?

Oui effectivement, après une période de repos de 3 semaines je vais enchainer un cycle VMA : 200 à 800 mètres durant l’hiver afin de gagner en vitesse pour ensuite m’orienter à nouveau sur du long au printemps.

Combien de temps t’arrêtes-tu et comment se passent tes périodes de récupération ?

Même si mes périodes de récupération peuvent s’étaler sur 3 semaines, je reste rarement plus de 3 jours consécutifs sans courir. Il est possible de récupérer en courant, il suffit d’observer une allure très lente et finalement c’est peut être plus bénéfique qu’un repos total.

Rapidement, objectif 2012 ?

L’objectif majeur sera les CDM des 24h en Pologne en septembre 2012. Ma préparation n’est pas encore à ce jour finalisée mais elle passera par les CDF de 100km en avril à Belvès (24).


Merci Jean-Marc et bonne course !












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